La dolce vita – Federico Fellini

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Une rétrospective entière consacrée à l´oeuvre de Fellini, tous les mercredi soir à 20h15,à partir du mois de novembre 2011. Le cine club de nosferatu fait bien les choses. L´occasion de revoir la bellissiima Anita Ekberg dans la Dolce Vita dont voilà la critique en avant-première

Oh le brillant privilège que celui de critiquer l´establishment culturel mondain, ce cirque superficiel où le sourire devient le masque de l´ennui et les dents blanches l´outil de l´authenticité. Fellini livre un pamphlet contre la suffisance bourgeoise dans la dolce vita, film ayant hanté les rêves érotiques de millions de cinéphile. Rappelez-vous cette  vision si sensuelle de la grande blonde en robe du soir, Anita Ekberg, dans la fontaine de Trevi. Et la mémoire cinématographique mondiale s´émoustillera encore longtemps de la voix sensuelle de la nymphe suédoise, « Marcello ! Marcello ! viens avec moi …».

Mais trêve de nostalgie cinéphile, intéressons-nous plutôt à la brillante étude psychologique de la faune bourgeoise romaine de l´après guerre, même si l´on pourrait aisément jurer qu’il s’agit d’un sujet contemporain. Welcome dans le monde des starlettes jeunes et jolies, des acteurs débiles et fiers de l´être, des dépressives en escarpins et des clones de Michou. Une vraie cour des miracles. Tous y parlent anglais et savent jouer du piano, peuvent assurer sur une calypso endiablée comme lors d´exercices littéraires d´un intérêt ma foi bien réduit. Ces tentatives d´entretien intellectuel se résument en effet à des séances de spiritisme et à de lamentables échanges introspectifs.

Fellini nous présente les différentes facettes de la colonie bourgeoise par l´intermédiaire de son héros journaliste, juste à la frontière entre le monde sensible et la bulle triviale de la jet-set qu´il est chargée de commenter. Marcello Mastroianni, lunettes noires et costard stylé, se ballade au milieu de la junte libertaire avec un mélange d´attrait et de répulsion. Bien qu´amarré aux réalités de la vie « normale » par une femme pure mais complexée qu´il trompe allègrement, ou bien par l’arrivée depuis la province d’un père vite dépassé par les évènements, Marcello prend progressivement part à la mascarade. Et nous plongeons avec lui dans ce milieu étanche, condescendant et sans gêne, découvrons une société de parvenus considérant le fric et les sentiments comme des colifichets. Tous s´évertuent à jouer un rôle, conditionné par un statut auquel ils se sont efforcés d´accéder au prix fort, celui de la perte de la candeur et des illusions. Les plaisirs du sexe et de la rhétorique, seuls, semblent les motiver et les ennuyer en même temps. Ces ouvriers de l´oisiveté sont chiants à mourir, Marcello le dit « nous sommes emmerdants ». Leur vie n´est pas si « dolce » que ça, derrière les strass et les paillettes ne se trouve que la désillusion d´une vie bien ratée.

Sébastien Boulnois

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